Les Femmes et l’Art dans l’Afrique francophone

Artistes, critiques, commissaires d’exposition, directrices de galeries, de musées, universitaires

Introduction de Madame Simone Guirandou, Présidente de l’AICA Côte d’Ivoire

Madame Lisbeth Rebello Gonçalves, Présidente de l’AICA International, Pr Yacouba Konaté, Président d’honneur de l’AICA International, M. Ramon Tio Bellido, Chargé du projet Afrique pour l’AICA International, Mesdames et Messieurs.

J’ai l’agréable mission de vous dire combien nous sommes honorés de votre présence aujourd’hui. En mon nom personnel, au nom des membres de l’AICA-CI et du Comité d’organisation, nous vous souhaitons la bienvenue en Côte d’Ivoire par la magie de la technologie.

Le thème de ce colloque : "la Femme et l’art dans l’Afrique francophone" évoque à la fois le statut de la femme en Afrique traditionnelle et son émancipation à travers l’expression artistique.

Placée selon la tradition, sous l’autorité paternelle, la femme à l’âge adulte, sera placée sous celle de son époux, ses principales activités essentiellement domestiques la cantonnant dans son foyer. Pour combler son ennui et la monotonie de son existence, les tatouages au henné, la broderie, la couture lui servent d’échappatoire. L’évolution du monde lui permettra d’accéder à la création grâce à une femme justement.

En effet, d’après les Anciens, la première idée de la peinture est attribuée à "la fille d’un potier, une servante corinthienne amoureuse, qui en suivant l’ombre projetée par la lumière d’une torche, aurait dessiné sur un mur le profil de son amant avant qu’il ne la quitte. Ainsi donc naissait la première tentative de la peinture. "(1)

Il est dit également qu’en Inde "depuis trois mille ans, les femmes de Mithila, et seulement les femmes, exécutaient les peintures vouées aux Dieux et Déesses du Panthéon Indou. Considérée comme une prière attirant la faveur des Dieux, et contrairement à l’Afrique, la peinture fait partie de l’éducation des petites filles et des femmes. "(2)

Si l’on ajoute à ces deux exemples l’histoire du musée, au départ, temple dédié aux muses, divinités des arts chez les Grecs, on se laisse convaincre de l’importance de la Femme dans l’art.

Rien de surprenant alors que des siècles plus tard, ce secteur soit occupé en majorité par les femmes en Afrique, stimulées par le vent de la liberté à l’heure des Indépendances. En 1960, le Président Sénégalais Léopold Sédar Senghor avait placé la culture au cœur du développement, dès lors, le Sénégal se démarque et devient le pays phare de la culture en Afrique de l’Ouest avec le Premier festival des Arts Nègres en 1966. La voie est ainsi ouverte pour la femme désirant embrasser la carrière artistique à condition d’être affranchie des interdits familiaux et traditionnels qui voient mal lafemme, disputer un domaine supposé peu valorisant pour elle, et de surcroit réservé aux hommes.

Grâce à l’éducation, la femme Africaine dispose désormais de son temps et s’implique dans les domaines de son choix. A Dakar comme à Abidjan, et ailleurs sur le Continent, elles sont autant dans la pratique que dans la promotion de l’art contemporain. C’est le cas de la plasticienne Sénégalaise Anta Germaine Gaye, professeur d’éducation artistique qui, ayant à cœur la formation esthétique des enfants, leur consacre des ateliers de peinture afin, dit-elle de "les initier à l’esthétique." (3)

Les femmes entendent contre balancer le poids des hommes aux postes de photographe, de critique d’art, de cinéaste, de designer. Signalons en passant que la Côte d’Ivoire enregistre sa première lauréate en Design, Valerie Oka, à la Biennale de Dakar en 1998. A la même époque, se faisaient connaître de talentueuses photographes parmi lesquelles: Edith Taho, Rachèle Babehi, Hien Macline et Johana Choumali.

Le secteur où l’on retrouve la Femme est celui de galeriste, directrice de musée ou de fondation. En Côte d’Ivoire, le Musée des Civilisations et le MUCAT sont dirigés par des femmes, comme le sont certaines fondations comme BJKD Hampaté Ba et Donwahi.

Le premier événement artistique d’envergure en Côte d’Ivore, Les Grafolies ont été initiées par une femme en 1993, la Ministre de la culture d’alors, le Professeur Henriette Dagri Diabaté. Ce fut un festival des Arts et de la Culture qui a réuni plusieurs artistes plasticiens du Continent à Abidjan. Le Masa (Marché de l’art et du spectacle est également une initiative de Madame la Ministre Diabaté.

Courageuses et volontaires, la présence des femmes dans la promotion de l’art et de la culture est devenue la norme. Les pouvoirs publics africains ont un rôle primordial à jouer dans l’émancipation de la jeune fille et dans son accession à un besoin fondamental qui est la connaissance. Il apparait indispensable d’accorder un soutien à la création et à l’économie du secteur de l’art. Le respect du génie créatif de la femme le réclame.

Mesdames et Messieurs, je vous remercie pour votre aimable attention.

Simone Guirandou, Présidente de l’AICA Côte d’Ivoire

(1) Peinture et couleur dans le monde grec antique
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Peinture_de_Madhubani
(3) https://journals.openedition.org/clio//648